vendredi 14 février 2014

La cigarette hybride

Les grands cigarettiers l'ont compris, les ventes de cigarettes classiques vont continuer à chuter. Pour contrer l'avancée de la cigarette électronique, la multinationale Philip Morris s’apprête à lancer une cigarette dite «à risques réduits».

Le plus avancé de ses dispositifs n’a pas encore de nom. Elle consiste en un fourreau noir, dans lequel sont insérés des sticks de tabac – avec un filtre mais dont la partie fumable est réduite d’environ deux tiers par rapport à une cigarette classique. La gaine électrique chauffe le tabac à une température nettement inférieure à celle d’une cigarette classique: donc sans le brûler. Ici se situe toute la différence avec la clope universelle. En évitant la combustion, les constituants nocifs inhalés par le fumeur sont réduits. «Le produit diminuera significativement la présence de substances nocives, tout en conservant un niveau de nicotine satisfaisant pour le fumeur», détaille l’un des biologistes.

«La question centrale est de savoir si les instances publiques les autoriseront à commercialiser ces produits sous l’étiquette produits à risques réduits», expose Shane MacGuill, un analyste de Euromonitor.

Philipp Morris le sait: son défi n’est pas seulement médical, il est aussi ­réglementaire. L’ambition du groupe est que son «heat not burn» (littéralement: chauffer pas brûler) s’érige en nouveau standard des produits du tabac à no­civité réduite. Une catégorie qui, de ce côté-ci de l’Atlantique, n’existe pas encore officiellement. Aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) s’est déjà en partie prononcée sur ce qu’elle appelle les «Modified Risks Tobaco Products».

«Depuis 2012, elle définit les prérequis scientifiques pour les fabricants», précise François Thoenen, responsable des affaires publiques du groupe. Le cadre édicté par la FDA pourrait-il trouver un écho en Europe et en Suisse? François Thoenen acquiesce prudemment, évoquant une possible et souhaitable «source d’inspiration pour d’autres pays». Le plus important, assène-t-il, «c’est la reconnaissance de ces produits et le potentiel de réduction des risques».

En Europe, un projet de directive sur le tabac a été validé par l’executif. Il devra l’être par le Parlement. Ce texte laisse ouverte la possibilité que la cigarette électronique figure aux côtés des ­produits du tabac ou des médicaments, si elle est présentée comme ayant des propriétés curatives ou préventives. Mais il n’est nullement fait mention de la création d’une catégorie hybride.

Avant-projet pour l’été

En Suisse, le chantier débute à peine. «L’avant-projet de loi sur les produits du tabac est encore en phase d’élaboration au sein de l’administration, indique l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Il est prévu que le Conseil fédéral soumette l’avant-projet à consultation d’ici à l’été.» Le 7 février, l’on apprenait déjà que la publicité et les actions promotionnelles devraient être prohibés. Mais quant à savoir si Berne tend à s’inspirer de la piste américaine, l’office nous fait comprendre qu’il est trop tôt pour le dire publiquement.

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